Publié le 07/03/22
Le Département de Loire-Atlantique mène une réflexion poussée sur l'aménagement des cours de ses collèges. Les constats démontrent combien ces espaces extérieurs ont besoin d'être réinventés pour offrir un meilleur vivre-ensemble, créer moins de morcèlement dans les usages des espaces et permettre à la nature de reprendre sa place. Pour répondre à ces enjeux, le Département a engagé une démarche design de service, avec deux établissements tests, Victor-Hugo à Nantes et Arthur-Rimbaud à Donges, avec l’appui de deux sociologues et du Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement (CAUE) pour les aspects paysage.
Le design de service : c'est quoi ?
Une démarche design pour un service plus adapté
Le design de service est une démarche visant à concevoir un service plus utile et pertinent pour les usager·ères. Ainsi, l’ensemble des parties prenantes est impliqué dans la démarche, de la définition des enjeux par des temps d’immersion, jusqu’à la production de réponses concrètes.
Le designer doit assurer le rôle d’assistant·e à "la maîtrise d’usage" en mettant l’utilisateur·trice au centre des propositions, en préfigurant les futurs usages qu’auront les multiples occupant·es des lieux : collégien·nes, enseignant·es, agent·es d’accueil et d’entretien...
Chaque démarche design de service se déroule en trois temps
- L’immersion permet de dresser un diagnostic du fonctionnement actuel, des usages des espaces par les différents acteur·trices, les éventuels points de tension ou de difficultés.
- La seconde phase consiste en des ateliers de réflexion collective avec les différents acteur·trices du projet.
- La troisième étape correspond à une phase de mise en œuvre et de prototypage. Elle permet par la suite de penser la mise à l’échelle et la mise à jour du référentiel (dans le cas des collèges).
À noter
Des démarches design de service ont déjà été engagées dans les collèges en Loire-Atlantique : sur le CDI avec une application au collège Louise Michel à Paimboeuf, sur les sanitaires avec une mise en oeuvre opérationnelle au collège du Pays Blanc à Guérande, puis Aristide Briand à Nantes et Eric Tabarly à La Baule, pour la conception du futur collège Ernest-Renan à Saint-Herblain .
Quels sont les usages actuels de la cour au collège ?
La sociologue Marion Guerry, qui a participé au groupe projet de cette étude, explique :
Pour des raisons de sécurité et d’entretien, les arbres, les équipements ont peu à peu été gommés des cours. La nature existe, mais elle est souvent, cachée ou interdite d’accès
Les élèves décrivent leur cour comme étant " Triste, ennuyante, bétonnée …". Les cours sont peu aménagées, peu équipées et l’ambiance n’est pas propice à la rêverie, à l’imagination ou au détournement.
Le sport est une occupation qui monopolise énormément l’espace, avec une forte injonction à y participer (pour les garçons) et à s’en protéger (les filles qui doivent éviter les balles si elles veulent profiter de la cour).
Autour, il y a peu d’équipements pour accueillir d’autres occupations. Les sacs phagocytent les bancs et les pieds d’arbres, il y a peu d’endroits couverts, l’espace juste devant les toilettes est un boudoir ou de nombreuses filles discutent.
Pour trouver des assises, des endroits pour discuter, travailler, les élèves détournent des éléments d'architecture ou envahissent le sol et les espaces ouverts en lien avec la cour (sanitaires, hall, foyer, etc.).
Quels sont les enjeux à prendre en compte pour améliorer les cours ?
Le temps d’immersion a permis d’établir les enjeux et les objectifs d’une cour "idéale". Les grands enseignements se regroupent autour de 4 thématiques : le vivre-ensemble, une cour territorialisée, une analyse des usages et la place de la nature.
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5 enjeux majeurs ont également été identifiés
- La socialisation : la cour est un lieu de vivre ensemble, d’apprentissage et de citoyenneté.
- La mixité et l'égalité : la cour est un support au respect de la mixité et de l’égalité.
- Le bien-être : la cour est un lieu qui prend en compte les besoins physiologiques des élèves.
- Le socio-émotionnel : la cour est un lieu où se jouent des émotions, liés à des besoins.
- L'environnement : végétalisation, définition de prescriptions d’aménagements, de matériaux et essences convenant au contexte des collèges.
Une phase de prototypage déjà engagée
La phase de prototype a démarré sur les deux collèges Victor Hugo et Arthur Rimbaud . Deux paysagistes ont été retenus, un sur chaque cour de collège, avec des temps de partage et de travail pour mutualiser les enseignements de chacun des prototypes. Leur mission consiste à la fois à consolider le programme sur différents aspects techniques (matériaux, essences à planter, modalités d’entretien, etc.), et à concevoir et mettre en oeuvre les deux projets.
Les deux paysagistes, MAP sur le collège Victor Hugo et La Terre Ferme sur le collège Arthur Rimbaud, associés à des bureaux d’études techniques, ont des références en la matière et également des habitudes de travail en co-construction avec l’ensemble des acteur·trices.
Cette démarche a pour vertu de pouvoir ajuster les budgets des travaux, expérimenter la participation des acteur·trices, notamment des élèves, à la création de mobiliers, aux plantations etc.
Quel budget ?
L'enveloppe financière ouverte est budgétée à hauteur de 300 000€ pour ces deux cours et à titre expérimental.
Pour aller plus loin
Découvrez les aménagements déjà réalisés dans les collèges : Victor Hugo et Arthur Rimbaud
Un travail déjà engagé dans certains collèges...
Ce travail s'étend d’ores et déjà aux futurs collèges neufs (Nantes centre, Ernest Renan à Saint-Herblain, et à Chaumes-en-Retz) ainsi qu'aux collèges réhabilités (La Ville aux roses à Châteaubriant).
Exemple, à Saint-Herblain, au collège Ernest Renan
En savoir plus sur la démarche initiée au collège Ernest Renan
