Protection de l'enfance : créer un cadre sécurisant au CDEF

Publié le 04/06/2021

Protection de l'enfance : créer un cadre sécurisant au CDEF
© Paul Pascal / Département de Loire-Atlantique

Professionnel·les et enfants ont investi depuis quelques semaines les nouveaux locaux flambant neufs du Centre départemental enfance familles (CDEF), inauguré le 12 mai dernier. Le Département de Loire-Atlantique a investi 16,5 M€ dans la construction de ce bâtiment. Sur place, tout le monde a déjà pris ses marques.

L’ambiance y est chaleureuse : architecture en bois, lumière douce, mobilier moderne. Depuis la fin du mois de mars 2020, les enfants et encadrant·es du Centre départemental enfance familles (CDEF) ont déménagé leurs cartons dans de nouveaux bâtiments, construits juste derrière l’ancien centre. Ce dernier, jugé trop vétuste, avait incité Philippe Grosvalet, dès 2015, à initier un projet de construction afin d'offrir un nouveau cadre de vie aux jeunes fréquentant les lieux et aux professionel·les les entourant.

Orientés par la protection de l’enfance, ces mineur·es, âgé·es de 0 à 18 ans viennent ici dans une situation d’urgence, afin d’être accueilli·es pour une durée maximum de six mois, avant d’être orienté·es vers une solution plus pérenne : un retour chez les parents, un placement en foyer collectif ou en famille d’accueil.

Ouvert 365 jours par an, 24h/24, 7j/7, le CDEF est là pour répondre à des situations d’urgence, en général faisant l’objet d’une procédure judiciaire. 40 enfants y sont accueillis sur place et 76 autres « hors les murs ».

Les enfants de l'unité nénuphar devant les nouveaux bâtiments du CDEF
Les enfants de l'unité nénuphar devant les nouveaux bâtiments du CDEF

Créer un chez soi

"Aujourd’hui, on va à la ferme !" B, 8 ans ½ ne tient pas en place ! En attendant le départ, Z, 4 ans, veille au grain pour calmer les ardeurs de la benjamine de l’unité nénuphar, accueillant dix enfants de 6 à 16 ans. Dans la grande pièce de vie, une ambiance conviviale, quasi familiale, qu’on peut imaginer essentielle à l’équilibre de ces jeunes en transit, règne.

L’une d’entre eux se charge de la visite : "sur cette grande table on mange, on fait des jeux ou nos devoirs ! On a aussi une télévision juste là ! C’est tout propre, c’est beau." 10 chambres individuelles, deux salles de bain, une cuisine et un salon ouvert sur un jardin forment l’ensemble dans lequel cohabitent le premier groupe de l’unité Nénuphar à investir les lieux.

Face à la grande table de vie, un immense planning répertorie, toujours dans un souci de recréer un cadre, les activités quotidiennes et la présence de tel ou telle éducateur·rices ou maîtresse de maison sur place.

En tout, ils sont huit éducateurs et éducatrices ainsi que deux maîtresses de maison à partager le quotidien du groupe, et à leur proposer des activités venant agrémenter les obligations du quotidien et de la vie collective. Grand ménage le samedi matin, brunch le dimanche, journée à la plage, rendez-vous médicaux et histoires le soir rythment leurs semaines. Chaque enfant a un ou une référente vers qui se tourner de manière privilégiée afin de démêler les tracas du quotidien.

Catherine Hervé est l’une des deux maîtresses de maison de l’unité, elle a une place qu’elle juge "privilégiée" auprès des enfants de l'unité :

Nous sommes là en permanence et avons le temps de créer une vraie relation avec les enfants. Avec ma collègue, on s’occupe à tour de rôle de l’entretien des lieux, de l’accueil des enfants, de la garantie de leur bien-être. Notre place est très complémentaire à celle des éducateurs et éducatrices.

Bien que leur passage soit parfois de courte durée, les jeunes sont incités à prendre entièrement possession des lieux : "on peut décorer nos chambres un peu comme on veut", raconte l’un d’entre eux.

Pour Emeline Lebossé, monitrice éducatrice, l’appropriation de l’espace est un succès :

Ce qui me fait plaisir, c’est que les jeunes ont bien investi les lieux même si cela diffère d’un enfant à l’autre, en fonction de leurs problématiques personnelles. Les espaces collectifs sont plus grands qu’avant et les chambres plus petites ce qui me semble être plus sécurisant pour elles et eux. Les chambres individuelles leur permettent aussi de gagner en autonomie.

« Nous sommes des urgentistes de la relation »

Quelques bâtiments plus loin, c’est une ambiance plus enfantine qui anime les locaux. L’unité farandole accueille les enfants de 3 à 6 ans. Dans la salle faisant office de bibliothèque et de salle de gym, A et M, 6 ans, recherchent leurs livres favoris : une histoire de caca boudin d’un côté et une passion pour les dinosaures de l’autre : "Ici on joue aux marionnettes, on lit des livres et on regarde les dessins animés ! Je fais aussi du roller avec Julie », explique A.

Julie, c’est la psychologue du CDEF qui rencontre chaque enfant à leur arrivée, puis de manière régulière si nécessaire. Du côté de M. le programme n’est pas non plus pour lui déplaire : « je vais dans le jardin faire du vélo, jouer à la boue !"

Vestiaires de l'unité farandole
Vestiaires de l'unité farandole

Elise Morillon, cheffe de service de l’unité farandole qui accueille six enfants explique que le CDEF a pour rôle d’accueillir les enfants en danger, "d’évaluer et de construire avec eux un projet en vue de leur proposer une orientation la plus adaptée possible, en collaboration avec les parents et les services de l’aide sociale à l’enfance. Nous sommes des urgentistes de la relation."

Pendant les quelques semaines que durent le séjour de ces jeunes enfants, le CDEF va tâcher de leur proposer un cadre de vie sécurisant, contenant, chaleureux et bienveillant.

On veut qu’ils puissent poser leurs valises, leur histoire et leurs difficultés et qu’ils puissent continuer de grandir malgré leurs trajectoires de vie

précise la cheffe de service.


À l’entrée du site, une maison est consacrée à la rencontre, si le magistrat le permet, entre les parents et leurs enfants. On y trouve une cuisine, une salle de bain… de quoi permettre aux familles de se retrouver dans des moments clefs du quotidien. Coûte que coûte, le CDEF tente d’apporter un peu de normalité à des parcours de vie chahutés.

Pour aller plus loin

Retour sur le chantier de construction du CDEF
Plus d'informations sur l'Aide sociale à l'enfance et l'action du Département

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