Quand les communes se mettent au vert

Créer et gérer des espaces verts durables qui intègrent la préservation de la biodiversité est une mission qui prend de l'ampleur dans les communes. Avec la démarche Fleurs et paysages, le Département encourage les municipalités volontaires à progresser dans ce domaine, source de bien-être pour leurs habitants et habitantes.

Fleurs et paysages : une démarche pour les communes

Comment améliorer les espaces verts de ma commune ? Comment favoriser la biodiversité tout en préservant des espaces publics ? Quelles essences d'arbres planter pour s'adapter au réchauffement climatique ? Ces questions animent bon nombre de communes, qui peuvent bénéficier gratuitement des visites conseil de la commission Fleurs et paysages organisées par le Département. Composée de technicien·nes des espaces verts, de membres d’associations, de professionnel·les du paysage et de l’horticulture ou du tourisme, cette commission est pilotée par Eugénie Godeux, animatrice de la démarche Fleurs et paysages pour le Département.

Des visites sur le terrain

Au cours de visites de terrain, les membres de la commission peuvent apporter des conseils techniques et aboutir à une réflexion globale avec les élu.es et/ou les technicien.nes sur un projet durable. Le regard extérieur permet également d'évaluer la pertinence des actions menées : valorisation et protection du patrimoine bâti et végétal, gestion environnementale, préservation de la biodiversité, recherche d’identité communale et actions de sensibilisation auprès des habitant·es sont abordées. Exemples en direct de La Chevrolière et de Bouvron fin juin dernier.

La commission Fleurs et paysages en visite à Bouvron le 23 juin 2022
La commission Fleurs et paysages en visite à Bouvron le 23 juin 2022 © P Pascal

La Chevrolière

Située au sud de la métropole nantaise et riveraine du lac de Grand-Lieu, La Chevrolière compte 62 villages et hameaux, dont celui de Passay, rare accès au lac. Avec 6 000 habitants et habitantes, dont 40 % domiciliés depuis moins de 10 ans, c'est une commune qui connait une forte démographie. Ce 16 juin 2022, elle accueille la commission Fleurs et paysages, déjà passée en 2019.

Suite aux conseils de l'époque, les services des espaces verts ont varié les essences ornementales du parc principal. Un bénéfice qui ne garantit cependant pas forcément une plus grande biodiversité. Il faut également faire évoluer les techiques de fauche pour favoriser la croissance de petites prairies spontanées propices à la diversification de la faune.

  • L'arrière de la mairie donne sur un espace aux essences variées.
    L'arrière de la mairie donne sur un espace aux essences variées. © E.Godeux
  • Le jardin des saveurs avec des plantes comestibles.
    Le jardin des saveurs avec des plantes comestibles. © E.Godeux

Pour améliorer la santé des arbres, dont certains ont pu être abîmés il y a plusieurs décennies, l'idéal est de protéger leur pied pour éviter les piétinements et y laisser pousser l'herbe et des plantes vivaces ou couvre-sol comme le lierre, le thym, la violette... Le choix est large mais il faut trouver les plantes qui sauront protéger sans s'imposer au détriment d'autres essences.

Les arbres ne sont pas éternels

À la fois source d'ombre et d'esthétique, les arbres posent des problématiques de sécurité quand ils s'affaiblissent. Le risque de chute sur des espaces fréquentés impose des contrôles réguliers. Il faut aussi anticiper et planter d'autres arbres à proximité pour remplacer ceux qui mourront bientôt. C'est le cas de cet albisia, près de l'église. Toujours très beau avec sa ramure et son ombre appréciable, il est malade et condamné à moyen terme. La commune a planté un pommier fleur à côté en prévision de sa disparition.

  • Situé près de l'église, ce bel albisia offre une belle ombre.
    Situé près de l'église, ce bel albisia offre une belle ombre.
  • Il est hélas malade.
    Il est hélas malade.
  • Ici une branche qui présente des crevasses.
    Ici une branche qui présente des crevasses.
  • Un pommier fleurs a été planté pour le remplacer.
    Un pommier fleurs a été planté pour le remplacer.

© E.Godeux et P. Pascal

Le cimetière : une gestion très sensible

Pour de nombreuses communes, la gestion de la nature dans les cimetières est très sensible. La suppression des produits phytosanitaires est une obligation légale pour les communes, afin de réduire la pollution des cours d'eau et des sols. Mais ces pratiques relativement récentes créent encore des crispations. Plus présentes, les plantes sont laissées pour maintenir l'humidité et la fraicheur, ce qui est parfois pris pour de la négligence, évidemment mal vécue dans ces lieux de deuil et de recueillement. À La Chevrolière, un embellissement expérimental de végétalisation est en cours sur les passe-pieds, entre les tombes. En parallèle, dans une autre partie du cimetière, des tombes ont été creusées directement dans la pelouse.

  • Des arbustes délimitent certaines allées du cimetière.
    Des arbustes délimitent certaines allées du cimetière.
  • Les passe-pieds en partie enherbés.
    Les passe-pieds en partie enherbés.
  • La commune expérimente des implantations de tombes à même le gazon
    La commune expérimente des implantations de tombes à même le gazon

© E.Godeux et P. Pascal

Sensibilisation des habitantes et habitants

Parmi les progrès de la commune, la sensibilisation de la population est notable. Panneaux explicatifs réguliers dans les différents espaces verts, convention avec la Ligue protectrice des oiseaux pour signaler la présence des arbres refuges, plantation annuelle de 200 à 300 m de haies bocagères avec les élèves des écoles, les actions sont plurielles. Elles sont aujourd'hui indissociables du travail d'entretien des équipes pour garantir le respect des espaces verts, essentiels au bien-être de tous et toutes, quelles que soient les générations.

  • Panneau du parc de La Chaussée
    Panneau du parc de La Chaussée
  • Panneaux de la LPO précisant la présence d'un arbre refuge pour les oiseaux.
    Panneaux de la LPO précisant la présence d'un arbre refuge pour les oiseaux. © E.Godeux
  • Des haies bocagères plantées avec des écoliers.
    Des haies bocagères plantées avec des écoliers. © P Pascal

© E.Godeux et P. Pascal

Bouvron

Rendez-vous à Bouvron le 23 juin 2022. Petite commune de 2 700 habitantes et habitants, Bouvron est située entre Savenay et Blain et affiche une belle longueur d'avance dans le domaine de l'écologie. Avec une cantine 95 % bio et locale depuis près de 20 ans, elle a banni les produits phytosanitaires dès 2009. Elle est aussi pionnière dans le domaine de l'écopâturage. 28 moutons et deux vaches entretiennent une partie des espaces verts communaux !

  • Quelque 28 moutons assurent de l'éco pâturage.
    Quelque 28 moutons assurent de l'éco pâturage. © P Pascal
  • La gestion de ces moutons d'Ouessant se fait en régie.
    La gestion de ces moutons d'Ouessant se fait en régie. © P Pascal
  • Deux vaches participent à l'éco pâturage, dans l'ancien arboretum.
    Deux vaches participent à l'éco pâturage, dans l'ancien arboretum. © P Pascal
  • La 2e vache, plus sauvage, est de race Highland.
    La 2e vache, plus sauvage, est de race Highland. © P Pascal

Souvent conventionné avec des agriculteurs ou agricultrices, l'écopâturage est géré ici en régie. Ce sont les services des espaces verts qui s'occupent des animaux et les déplacent au gré des besoins. En broutant, les moutons (de Ouessant) et les vaches (sauvées de l'abattoir), défrichent des zones difficiles d'accès et réduisent l'usage des machines. Cette pratique concourt à la préservation de la biodiversité sauvage. Tout comme la fauche tardive : les herbes qui entourent ce bosquet ne seront fauchées qu'en septembre, pour laisser les polinisateurs faire leur office.

  • Les services techniques de Bouvron ne fauchent l'herbe autour de ces arbres qu'en septembre, pour favoriser la biodiversité.
    Les services techniques de Bouvron ne fauchent l'herbe autour de ces arbres qu'en septembre, pour favoriser la biodiversité. © P Pascal
  • © P Pascal
    © P Pascal

Une école végétalisée

Autre fait notable : la cour de l'école publique n'est plus bitumée. Depuis 2015, des copeaux de bois ont remplacé le sol imperméable. Ils ont la particularité de retenir l'humidité et ne gardent pas la chaleur en cas de canicule. Des espaces de jeux ont été aménagés sous les arbres existants. Certains ont été plantés en plus. La commune aimerait ajouter de nouvelles essences et demande conseil à l'arboriste présente. Elle pourra également contacter le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement - CAUE 44.

L'arrière de l'école donne sur un champ ou paissent régulièrement les moutons. Et les vaches ne sont qu'à quelques mètres, dans l'ancien arboretum, où se développent quelques arbres remarquables.

  • La cour de l'école avec des espaces de jeux à l'ombre des arbres.
    La cour de l'école avec des espaces de jeux à l'ombre des arbres. © P Pascal
  • Un mouton dans le champ derrière l'école.
    Un mouton dans le champ derrière l'école. © P Pascal

Des arbres graphiques au cœur du bourg

Tout près de l'hôtel de ville, la Minoterie est le poumon vert du bourg. De nombreux bouleaux voisinent avec la fameuse minoterie, bâtiment en pierre dont la façade n'est pas sans rappeler les troncs des bouleaux, blancs striés de noir. Les rangs de ces arbres se sont clairsemés avec le temps et la commune cherche une autre essence pour anticiper le remplacement des sujets en fin de vie. L'arboriste suggère de rester sur les bouleaux ou une essence esthétiquement proche, pour maintenir le rappel graphique entre les arbres et la minoterie.

  • Les bouleaux de la Minoterie en plein cœur du bourg.
    Les bouleaux de la Minoterie en plein cœur du bourg. © P Pascal

Des arbres et un bois

Le parc municipal est rustique : pas de massifs ni de gazon mais des arbres et de l'herbe, taillée régulièrement mais en alternance sur différentes zones, afin de maintenir les fleurs sauvages apréciées des insectes. Un très beau chêne a développé une ramure étonnante, très tortueuse : la mémoire collective impute cette métamorphose à l'un des bombardements de 1943. Protégé par des plantes couvre-sol, il ne subit aucune tonte alentour.

À une vingtaine de mètres, un petit bois clôture le parc. La commune aimerait l'éclaircir et cherche des conseils pour gérer cet espace qui est sa propriété. Il lui est conseillé de se renseigner auprès de l'Office national des forêts, qui peut travailler avec des collectivités.

En savoir +

Le dispositif Fleurs et Paysages est aussi un relais auprès des communes qui souhaitent s’investir dans une démarche environnementale. La commission conseil pourra proposer les communes susceptibles de remplir les critères aux labels "Terre saine, objectif zéro pesticide" et "Villes et Villages Fleuris", afin qu’elles soient accompagnées vers la labellisation. Des journées de sensibilisation sont également organisées régulièrement.

Retrouvez toutes les informations de la démarche Fleurs et paysages

Contact Eugénie Godeux 02 40 99 19 55 ou fleurs.paysages@loire-atlantique.fr

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