L'art du soclage

Depuis plusieurs mois désormais, l’Unité régie des collections de Grand patrimoine de Loire-Atlantique (GPLA) est à pied d'œuvre pour préparer les pièces et objets qui seront exposés dans le nouveau musée Dobrée. Parmi leurs missions, celle du soclage est un véritable savoir-faire.

Des œuvres en suspension

Depuis plusieurs mois désormais, l’Unité régie des collections de Grand patrimoine de Loire-Atlantique (GPLA) consacre 100 % de son temps aux objets et œuvres qui seront exposés dans le nouveau musée Dobrée. Muriel Rouaud est la régisseuse des collections. Son équipe est composée de trois agents des collections et des deux photographes de GPLA.
Dans leurs ateliers, Louis Bouquet, Alix Hémon et Thierry Voisine travaillent actuellement à l'agencement de ces « œuvres » dans leur futur espace d’exposition, avec un double objectif : créer des présentations esthétiques sans altérer les pièces.

Certaines ont besoin de socles, pour tenir ou simplement pour harmoniser la mise en valeur du groupement d’objets auquel elles appartiennent. La fabrication de ces socles se nomme le soclage. Louis Bouquet est spécialisé dans les socles à base de laiton. Il crée de toute pièce de petits socles qui soutiendront des bagues, de petites statuettes en ivoire ou encore des crucifix (voir ci-dessous).

Ces socles doivent être les plus discrets possibles. Très minutieux, ce travail implique de la soudure et…de la patience.

Créativité technique

Tout est fait sur mesure et il faut de la créativité quand on a que deux mains (voir photo avec plusieurs ciseaux à clamper) : ici, Louis a détourné l’usage initial des ciseaux à clamper, utilisés en chirurgie, pour maintenir un socle dans le vide afin de finaliser sa soudure.

Penser les objets dans leur vitrine d'exposition

Dans le deuxième atelier, Alix Hémon travaille ce jour-là à l’élaboration d’une vitrine d’objets gallo-romains, dont certains seront artificiellement surélevés par des socles. Elle tente des dispositions afin de trouver la plus harmonieuse, en y intégrant les cartels de présentation, incontournables à la compréhension du public.

Une préfiguration démarrée en 2020

Ce travail de soclage dure depuis avril mais la préfiguration des vitrines a démarré en 2020. Les conservateurs et conservatrices des collections Dobrée ont établi des listes d’œuvres à exposer dans les espaces d’exposition permanente du futur musée (il y a 135 000 œuvres en tout et 2 400 seront exposées). Le rôle de la régie a ensuite été d’envoyer une grande partie de ces œuvres (environ 1900) en restauration, la moitié en interne au laboratoire Arc’antique, le reste chez des restaurateurs indépendants. Pendant ce temps, les conservateurs et conservatrices des collections ont rédigé leurs cartels (bref texte explicatif lié à chaque objet).

Une fois les socles réalisés et les objets et cartels disposés, la ou le conservateur concerné validera la vitrine. Une photo sera prise et les objets seront soigneusement emballés, dans l’attente de leur transfert au musée puis de leur installation, à l’identique de la photo, dans leur véritable vitrine.

Soclage de pièces monumentales

Les collections contiennent aussi des œuvres lourde et hautes, voire monumentales. Ce travail a été confié à l’entreprise Version bronze. Présente au sein du musée plusieurs semaines entre septembre et décembre, l’équipe du prestataire a installé son « atelier » au plus près des réserves. Elle a démarré son travail par l'inventaire et les mesures des œuvres sélectionnées.

Platines et griffes en acier

Toutes nécessiteront ce qu’on appelle une platine, un support en acier aux dimensions exactes du dessous de chaque statue ou pièce. Des « griffes » en acier fabriquées sur mesure permettront ensuite d’attacher l’œuvre à sa platine. Certaines devront également être maintenues par des pièces supplémentaires : ci-dessous, Jérémy a créé sur mesure un mat qui viendra dans le dos de cette Sainte-Barbe pour assurer sa stabilité. Sa base n’offre pas assez de prise pour une simple platine. Des griffes viendront faire tenir le mat.

Toutes les pièces en acier seront sablées puis laquées à l’epoxy, dans les mêmes teintes que les objets, pour être le moins visibles possibles. "Elles le seront un peu mais la sécurité ne doit pas être sacrifiée à l’esthétique." précise Muriel Rouaud.
Autre exemple, un châssis fabriqué pour une clé de voute de l’ancienne église Saint-Nicolas à Nantes.


Ici, mesures et disposition de cinq pièces particulièrement lourdes de la collégiale Notre-Dame, autre ancienne église nantaise. Version Bronze va créer des socles afin qu’on ne voie pas les différences de profondeurs lorsque ces pièces seront installées en hauteur, dans la salle 13 du palais Dobrée.

Toutes les photos sont de Paul Pascal.

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