La justice restaurative : un dialogue au service de la reconstruction et de la réinsertion

Venue du Québec, la justice restaurative permet de restaurer un dialogue entre victimes et auteurs de violence et favorise la lutte contre la récidive. Le Département de Loire-Atlantique a financé une première expérimentation dans le cadre de sa lutte contre les violences faites aux femmes.

J’ai vu que cela pouvait m’aider à avancer, à reprendre ma vie en main.

À la fin du printemps dernier, Céline (prénom modifié) a participé à un cycle de justice restaurative, avec deux autres femmes victimes de violences conjugales et trois hommes auteurs de ce type de violences. Nullement liées les unes aux autres, ces personnes se sont régulièrement rencontrées pour cette expérimentation organisée par France Victimes 44 Nantes et l'Adaes 44 (Association départementale d’accompagnement éducatif et social de Loire-Atlantique) et financée à 75 % par le Département.

Depuis 15 ans, nos deux associations sont partenaires sur le volet de la responsabilisation des auteurs de violences, explique Guillaume Jouis, directeur du service socio-judiciaire de l’Adaes 44. C’est donc naturellement que nous avons présenté ensemble cette expérimentation de justice restaurative à l’appel à projet du Département.

Camille Dormegnies, directrice de France Victimes 44, explique :

La justice restaurative combine un processus de reconstruction des victimes, de responsabilisation des auteurs, de restauration du lien social dégradé par les violences et de prévention de la récidive. Elle réunit sur la base du volontariat, au cours de rencontres très encadrées, des victimes et des auteurs de violences. C’est un pas de côté par rapport au système pénal.

En effet, la participation ne se substitue pas à une condamnation pour les auteurs, ni au procès en justice pour les victimes. Ainsi, les trois femmes avaient porté plainte contre leurs agresseurs et étaient pour certaines en attente de procès. De leur côté, les trois hommes avaient déjà été reconnus coupables et condamnés. C’est donc sur ces bases que les six volontaires se sont rencontré·es cinq semaines consécutives. D’une durée de 3 heures chacune, les séances se déroulaient en présence de deux animatrices et de deux membres de la société civile, qui assurent une écoute et une présence bienveillantes. Une 6^e rencontre bilan a eu lieu deux mois après.

Pour Céline,

Les premières séances ont été compliquées mais au fil des semaines, j’avais un poids en moins. J’ai pu poser des questions à ces hommes : « Comment on fait pour en arriver là ? ». Chaque agresseur a une histoire mais cela m’a permis d’être moins dans l’agressivité, dans la rancune, et d’avancer dans ma reconstruction.

Co-animatrice de ces séances pour Adaes 44, Karine Bonhomme parle d’une expérience très riche mais très éprouvante pour les participant·es, et notamment les victimes.

Mais c’est un dispositif extrêmement utile et un des outils que prévoit la loi contre la récidive des violences conjugales. Les auteurs ont exprimé une remise en question très importante et trouvé une forme d’humanité qui n’existe pas dans le système pénal. « C’est ce monde-là que je souhaite pour mes filles » a dit l’un d’entre eux. Comment mieux restaurer le lien social que ça ? Je ne vois pas.

Une deuxième session devrait être prochainement lancée.